jeudi 11 septembre 2008

Interview de Madonna dans L'Express

Retrouvez les meilleurs moments de l'interview de Madonna dans L'Express. A lire absolument et à découvrir en intégralité dans les kiosques.

De passage à Paris, la reine de la pop, qui fête sa 7e tournée - Sticky and Sweet (Collant et sucré) - a reçu L'Express. Plus frêle qu'on ne l'imagine, moins cinglante qu'on ne la décrit, Madonna, 50 ans, est de bonne humeur et, du coup, son entourage sourit aussi. Rencontre.

En 2006, lors du discours donné devant les Nations unies pour l'association Raising Malawi, dont vous êtes la cofondatrice, vous avez stigmatisé votre réputation gagnée, notamment, « pour avoir été ambitieuse, scandaleuse, irrévérencieuse. » Et vous complétiez ce portrait par : « Un jour, je me suis réveillée... » Pourquoi une telle autocritique ?

Il était important et nécessaire de parler de moi à coeur ouvert. Les gens sont touchés quand ils sentent que vous dites la vérité. C'est seulement à ce moment-là qu'ils vous écoutent... Et s'ils vous écoutent, on peut avoir un impact sur eux. Mais je vous assure que ce speech a été l'un des moments les plus stressants de ma vie.

Un film peut-il transformer quelqu'un ?

Des artistes ont bien changé mon existence. Alors, pourquoi pas ? C'est le sens de l'art. De la création. Le cycle de la vie.

Alors, quel est le message principal de Hard Candy, votre dernier CD ?

Le disque est ouvert à toutes les interprétations. Certains vont se focaliser sur le côté fun, sympa. D'autres sur la face mélancolique. Cela dépend de ce que l'on recherche. Hard Candy, c'est à la fois le dur et le sucré.

Dans votre tube 4 Minutes, Justin Timberlake, qui chante en duo avec vous, met en garde : « Nous n'avons plus que quatre minutes pour sauver le monde. »

Il faut cesser d'être stupide et aller droit au but. Cela ne signifie pas que j'ai décidé d'arrêter de m'amuser. On peut s'amuser et avoir une conscience.

Au fond, qu'est-ce que vous préférez dans ce métier ? Le processus créatif ou bien monter sur scène ?

Ecrire... Des chansons, des scénarios, des contes pour enfants... Quoique vérifier en live comment la musique vous relie aux gens reste des moments forts... Quand je suis passée à l'Olympia, au mois de mai dernier, ce temple qui a accueilli Edith Piaf, que j'adore, je pouvais enfin voir les spectateurs dans les yeux. Moi qui suis habituée aux salles gigantesques, ça change !

Quels étaient vos rêves à 20 ans ?

Trouver de quoi me nourrir à chaque repas.

Et aujourd'hui ? Que considérez-vous comme votre plus grand accomplissement ?

Mon plus grand challenge est d'avoir fondé une famille. D'être sûre et certaine d'être impliquée dans la vie de mes enfants, de les comprendre et de comprendre les choix que je fais, car je sais qu'ils vont peser sur eux. Je veux qu'ils sachent que je suis toujours à leur écoute. Mais je veux aussi pouvoir m'exprimer artistiquement et m'épanouir. Combiner les deux, oui, voilà un éternel défi.

Vous qui connaissez les rouages de la célébrité en quoi a-t-elle détruit des jeunes vedettes comme Britney Spears ?

Je crois que ce genre de dégâts n'est pas forcément dû à la célébrité. Ce que Britney traverse, beaucoup d'adolescents, beaucoup de gens sensibles le vivent aussi. C'est être projeté dans tous les sens, ne pas avoir eu de véritable enfance, ni avoir eu le temps de goûter à l'innocence. C'est grandir et faire des erreurs en étant coupé du monde réel. La chrysalide a du mal à devenir papillon.

Selon vous, quel est le plus grand malentendu sur Madonna ?

On ne comprend pas mon sens de l'humour, mon ironie, en tout cas aux Etats-Unis, où tout ce que je fais et dis est pris au premier degré. Cela commence à évoluer...

Donatella Versace a déclaré que vous étiez « directe, déterminée mais vulnérable » ?

Hum hum.

Vous acceptez cette part de vulnérabilité ? Est-ce une force pour vous ?

Je l'accepte.

C'est nouveau ?

Non. Cela a toujours été ainsi. C'est mon paradoxe intime. La plupart des artistes forts, ambitieux, la majorité des bêtes de scène ont un côté sensible, timide. Comment créer si l'on n'est pas sensible. Alors, non, cette vulnérabilité ne me dérange pas.

Sur scène, vous sentez-vous invincible ?

Oui et aussi fragile. De toute façon, comme Shakespeare l'a écrit : « Le monde entier est une scène.»

Qu'est-ce que vous aimez le moins dans ce job, excepté les interviews ?

Les horaires. Les réveils. Le manque de sommeil. Ne pas avoir assez de temps pour jouer de la musique.

Votre mère est décédée quand vous aviez 5 ans. Quelles valeurs votre père vous a-t-il transmises ?

Mon père avait une belle manière très têtue d'envisager la vie. Il me répétait sans cesse : « Si tu veux quelque chose, tu peux l'obtenir. Ne te repose pas sur les autres, va la chercher toi-même. » C'est ce que j'ai fait. Et c'est ce que j'inculque à mes enfants. Mais j'ai plus de difficultés que lui à le leur faire intégrer.

Récemment, vous avez réalisé un film, Obscénité et vertu ?

J'y pensais depuis des années et j'ai tout aimé dans la fabrication de ce long-métrage. C'est une histoire d'amitié entre jeunes qui partagent un appartement à Londres. Et ça parle des paradoxes de la vie. Le titre signifie saleté et sagesse. Vous devinez ce qui se passe à la fin. Encore l'association des contraires. C'est toujours le même concept que j'explore en boucle.

Il y a quelques mois, Time a annoncé en Une la « mort de la culture française ».

Ah ! C'est la phrase du jour ! Qui a dit ça déjà ? Un journal américain ?

Oui, Time.

Parce que la culture américaine, elle, est vivante ! C'est bon à savoir !

L'article a déclenché en France une vague de protestations...

Ah bon ! Je croyais que c'était juste un scandale de votre président et de sa belle femme. Excellent.

Vous les avez rencontrés ?

Non. Je devrais ? Il est intéressant ?

A vous de voir.

Carla est bien. Votre président a fait un bon choix. Et on ose dire que la culture française est morte ! Il est quelle heure ? Je suis toujours à l'heure de New York.

Votre tournée a démarré il y a quelques jours. Comment vous y êtes-vous préparée ?

Avec du sang, de la sueur et des larmes. Croyez-moi.


Source: L'Express

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